L’économie circulaire dans le secteur du bâtiment
- Les sept piliers de l’économie circulaire définis par l’ADEME – allant de l’extraction responsable au recyclage – offrent un cadre structurant pour repenser la production, l’usage et la fin de vie des ressources dans une logique de durabilité.
- L’analyse du cycle de vie (ACV), portée par l’INIES, permet de structurer les actions d’économie circulaire dans le bâtiment en identifiant cinq grandes phases – de la production à la fin de vie – où chaque étape offre un potentiel d’amélioration environnementale.
- Le cadre juridique français, renforcé par les lois TECV, FREC et AGEC, et soutenu par les directives européennes, structure progressivement l’intégration de l’économie circulaire dans le bâtiment en imposant des obligations de performance énergétique, de gestion des déchets et de responsabilité des producteurs.
- Moins encadrée que la construction ou la déconstruction, la phase d’usage des bâtiments reste à structurer pour intégrer pleinement les principes de l’économie circulaire, en s’appuyant sur des pratiques de gestion sobres, une meilleure coordination entre acteurs et une attention portée à l’exploitation au quotidien.
Face aux limites du modèle économique linéaire et aux pressions environnementales croissantes, l’économie circulaire offre un cadre structurant pour repenser en profondeur la gestion des ressources. En France, cette démarche est portée par l’ADEME, l’Agence de la transition écologique, établissement public sous tutelle de l’État, qui accompagne la transition vers un modèle plus sobre et durable. L’agence a formalisé une lecture systémique de l’économie circulaire à travers sept piliers, couvrant l’ensemble du cycle de vie des biens et des services. Appliquée au secteur du bâtiment, cette approche invite à analyser chaque phase de la vie d’une infrastructure (conception, construction, usage, réhabilitation, déconstruction) comme une opportunité d’optimisation des flux de matière, d’énergie et de services. Elle s’appuie notamment sur les travaux de la base INIES (INformations sur les Impacts Environnementaux et Sanitaires), plateforme nationale de référence qui centralise les données environnementales et sanitaires des produits de construction et des équipements. Ces données permettent de décomposer précisément les étapes du cycle de vie d’un bâtiment et d’en quantifier les impacts à l’aide d’Analyses de Cycle de Vie (ACV) normalisées.
Ces dernières années, les politiques publiques ont permis d’amorcer une structuration des pratiques circulaires, en particulier lors des phases de construction et de déconstruction, désormais soutenues par un arsenal réglementaire conséquent. En revanche, la phase d’exploitation des bâtiments reste marginale dans les réflexions et les outils disponibles. Peu encadrée, encore peu outillée, elle ne bénéficie pas de la même attention, alors même qu’elle s’étend sur plusieurs décennies et mobilise des ressources importantes.
Cet article propose d’interroger ce déséquilibre, en s’appuyant sur les référentiels existants — notamment les sept piliers définis par l’ADEME et les étapes du cycle de vie identifiées par l’INIES — pour mettre en lumière ce qui reste encore peu exploré : la phase d’usage des bâtiments. La question centrale est la suivante : est-il possible d’intégrer, de manière cohérente et opérationnelle, les principes de l’économie circulaire dans la vie quotidienne des bâtiments ? Une telle interrogation invite à envisager les freins, les marges de manœuvre et les adaptations nécessaires pour faire de cette phase, souvent sous-estimée, un maillon actif d’une approche circulaire des bâtiments.
Pour plus d’informations, contactez Josefina GIMENEZ, Directrice Recherche et Innovation d’Artimon Perspectives.