Entre personnalisation du contenu et formats ludiques, la formation professionnelle se transforme
Des nouveaux formats et outils offrent une réactivité majeure aux organismes de formation, qui peuvent adapter leur contenu en fonction des besoins et renforcer l’acquisition de nouvelles connaissances
A travers un accompagnement adapté selon les profils, les collaborateurs sont acteurs de leur parcours de formation professionnelle, aussi bien dans l’accès au contenu que dans l’ancrage des apprentissages
Différentes technologies issues de l’IA sont appliquées à la formation professionnelle, intervenant sur l’identification des besoins, le ciblage des compétences, le profil apprenant et la mémorisation du contenu
La formation professionnelle est devenue un enjeu capital pour les employeurs, publics ou privés, qui se concentrent progressivement davantage sur le développement des compétences des équipes et le parcours des collaborateurs. Il s’agit non seulement d’un moyen de se démarquer de la concurrence à travers le renouvellement continu des compétences, mais aussi et surtout d’une manière d’accompagner l’évolution professionnelle des équipes. Un programme de formation de bonne qualité permet d’attirer et retenir les meilleurs talents, puis de renforcer leur fidélisation et leur satisfaction sur le long terme. Il s’agit donc d’une stratégie gagnante, à la fois pour l’organisation et pour ses collaborateurs.
Grâce à des technologies toujours plus innovantes misant à la fois sur le contenu et sur la forme, la formation professionnelle devient de plus en plus personnalisée, flexible et adaptée à chaque apprenant, permettant un apprentissage renforcé et enrichissant.
La formation professionnelle comme levier de compétitivité et d’attractivité
Dans un monde professionnel changeant, où les métiers évoluent en permanence, la formation permet aux travailleurs de conserver leur employabilité et de continuer d’évoluer professionnellement. Dès lors que les carrières deviennent plus longues, que les personnes occupent différentes fonctions et découvrent des nouveaux métiers, l’acquisition et l’actualisation des compétences sont nécessaires et réalisables à travers une formation permanente. Par ailleurs, cette possibilité d’apprendre et de découvrir des nouveaux contenus (méthodes, sujets, techniques), est une attente forte des nouveaux arrivants sur le marché du travail.
Les organisations font face à des enjeux majeurs. D’une part, rester compétitif en proposant une offre de formation pertinente avec du contenu personnalisé et de qualité, afin de se différencier et d’engager les salariés en les faisant progresser tout au long de leur carrière. D’autre part, capitaliser sur la formation interne afin de répondre au manque de certaines compétences, ou à la difficulté de recruter des expertises spécifiques peu disponibles sur le marché. La formation se concentre aujourd’hui davantage sur les personnes, en plaçant l’individu au cœur de ses préoccupations et lui donnant des leviers pour être plus actif sur son évolution professionnelle.
Au niveau des directions des Ressources Humaines, une politique de formation professionnelle réussie peut générer des externalités positives nombreuses. Du point de vue humain, elle permet de fidéliser les collaborateurs et d’accroitre leur satisfaction envers l’employeur. Budgétairement, des formations et des outils pédagogiques mieux ciblés permettent de réduire les coûts de conception et de planification des formations, ou d’acquisition des connaissances.
S’il est difficile de mesurer le ROI de la formation professionnelle, pour qu’une formation soit réellement efficace, il est indispensable que son contenu soit de qualité, adapté aux besoins (autrement dit, personnalisé). Quant au format, un dispositif engageant et interactif offre plus de chances d’entretenir l’intérêt du stagiaire et de réduire l’abandon. L’innovation dans les dispositifs de formation vise ces deux axes. Elle a pour vocation de permettre l’acquisition durable de compétences, en rendant le collaborateur acteur de son apprentissage. Avec un contenu et un format adaptés au profil et objectifs de chacun, les nouveaux outils contribuent à améliorer l’expérience du stagiaire et son engagement, et facilitent l’ancrage des nouvelles connaissances.
En effet, de nouvelles tendances de formation se développent, basées sur le numérique et le digital, et s’intéressent à la fois au format (e-learning, blended learning, mobile learning), aux techniques d’animation (gamification), et aux facteurs de succès (personnalisation des parcours et de l’expérience collaborateurs).
Différentes technologies issues de l’Intelligence Artificielle (IA) sont utilisées et appliquées à la formation professionnelle, intervenant sur l’ensemble du processus. Tout d’abord, elles peuvent permettre d’identifier des besoins en compétences, en analysant le différentiel entre les compétences existantes et celles requises pour chaque poste, ou les besoins généraux de l’organisation. Ensuite, elles facilitent le ciblage des besoins en formation en combinant le profil de chaque apprenant avec les ressources appropriées. Enfin, elles permettent de s’insérer dans les outils de formation préexistants afin d’adapter et de personnaliser les modules disponibles à chacun, optimisant ainsi l’efficacité des formations et l’impact sur la performance.
La technologie d’IA la plus utilisée pour la formation est le machine learning, à travers des algorithmes qui analysent les données pertinentes, allant de l’interprétation de curriculum vitae à la mise en correspondance des compétences et des emplois. Comme nous verrons par la suite, l’application la plus courante de l’IA dans la formation est le dispositif d’adaptive learning.
Par ailleurs, les tendances de mobilité et de nomadisme des salariés, accentuées par la crise sanitaire actuelle et l’émergence de nouveaux modes de travail à distance, rendent indispensable la nécessité de recourir à des dispositifs de formation hybrides permettant de se former à distance, accessibles sur différents devices. Selon l’étude BVA réalisée pour Unow et Lingueo (novembre 2020), un salarié sur deux affirme vouloir se former en 2021, et à distance pour plus d’un actif sur deux (57%). Les soft skills arrivent en tête des compétences recherchées par les salariés (45%), suivies des compétences techniques (37%) ou encore l’apprentissage au travail en équipe (35%). La pandémie a en effet démontré l’utilité des compétences comportementales (communication, leadership, autonomie, créativité…), indispensables dans l’entreprise du futur.
Des formations personnalisées, et un coaching sur mesure
Parmi les innovations technologiques mises au service de la formation, l’Apprentissage Adaptatif (ou adaptive learning) constitue l’application la plus courante d’intelligence artificielle (machine learning/deep learning).
Son objectif est d’ajuster le parcours d’apprentissage, son contenu ou son rythme grâce à l’exploitation des données du stagiaire recueillies au fur et à mesure de son parcours sur le module de formation (ses réponses, son comportement, ses habitudes de connexion ou déconnexion, etc.). L’enjeu de cette pratique est de rendre les formations particulièrement efficaces, en augmentant la personnalisation et en renforçant la mémorisation d’informations en fonction des capacités de l’apprenant. Afin de l’illustrer, il est intéressant de s’attarder sur deux exemples concrets de solutions utilisant l’adaptive learning.
La première, Domoscio, est une solution utilisant des algorithmes d’intelligence artificielle afin de recommander des parcours de formation adaptés aux besoins de compétences et au profil apprenant de chaque collaborateur. La technologie de cet outil se base sur :
- L’adaptive learning afin de proposer un moteur de recommandations de ressources pédagogiques adaptées à chaque utilisateur.
- L’Ancrage Adaptatif®, qui calcule un plan de révision se basant sur les courbes de l’oubli afin de renforcer la mémorisation.
- Les learning analytics permettent d’exploiter les données et analyser les comportements des apprenants lors de leur apprentissage pour mieux comprendre leurs progrès.
De nombreuses entreprises font aujourd’hui confiance à ce type de solution, comme Bouygues Télécom qui a déployé la solution pour l’intégration de ses forces de vente. L’enjeu principal est pour eux de capitaliser sur la formation présentielle afin de garantir, une fois la formation passée, que les connaissances et compétences soient réellement mises en pratique sur le terrain. Les forces de vente sont accompagnées pendant trois mois post-formation avec des rappels portant sur les sujets clés de la formation, espacés dans le temps et adaptés aux besoins de chacun. Les résultats observés sont positifs, +46 % de rétention des connaissances trois mois après la formation, et 91 % des collaborateurs encore actifs sur la solution un mois après la formation.
La deuxième solution, Woonoz, s’appuie sur les neurosciences pour mettre en place un système adaptatif d’Ancrage Mémoriel. L’objectif est de comprendre le fonctionnement complexe de la mémoire de chacun, et de le prendre en compte afin d’optimiser l’apprentissage. En effet, la mémoire traduit la capacité de notre cerveau à enregistrer l’information, la stocker et la retrouver. Une étude menée par Woonoz auprès de ses clients montre qu’avant les sessions d’Ancrage Mémoriel, seulement 6% de collaborateurs atteignent 75% des bonnes réponses à l’évaluation post présentiel. Après les sessions, ce sont 93% des collaborateurs en moyenne qui atteignent ce résultat.
Nouvelles tendances et innovations technologiques
Il existe sur le marché une offre grandissante d’outils et de technologies, qui répondent à la fois à des besoins spécifiques en termes de compétences et à la diversité de profils des équipes. Selon le baromètre 2020 de l’AFINEF, le dispositif de formation qui arrive en tête du palmarès 2020 est le blended learning, ou formation mixte, qui consiste à combiner des sessions en physique et à distance. Ce dispositif permet d’utiliser efficacement différents supports selon les objectifs à atteindre, par exemple visionner ou lire un support théorique chez soi en autonomie, puis se rassembler en présentiel pour en discuter, ce qui rend les apprenants acteurs de leur apprentissage.
Avec le recours au travail à distance, la personnalisation des parcours et l’agilité gagnée en termes d’accès aux nouvelles compétences, ces outils devraient voir leur utilisation augmenter considérablement dans les prochaines années :
Serious Game : il s‘agit d’un outil de gamification utilisant des applications développées selon le même principe que le jeu vidéo pour rendre l’apprentissage ludique et interactif. Cette technique est utilisée par des grands groupes français, comme Air France avec son jeu dédié à la préparation de l’entretien professionnel, l’Oréal avec son jeu de simulation de salon de coiffure ou encore Orange qui s’appuie sur le serious game pour former ses téléconseillers.
SPOC (Small Private Online Course) : dispositif pédagogique complet qui propose, en plus des vidéos et quizz présents dans les MOOC, la réalisation d’exercices pratiques et de travaux collaboratifs. Il s’adresse à un public restreint, pour traiter des sujets spécifiques. Cette technique peut être utilisée par exemple dans le cadre de la mise en place d’un nouvel outil informatique, permettant à chacun de le mettre en pratique comme s’il l’utilisait dans son travail habituel et d’optimiser l’appropriation de l’outil en évitant le « passage en force ».
COOC (Corporate Open Online Course), ou Corporate MOOC : cours en ligne dispensé par une entreprise auprès d’une communauté d’apprenants, pour former en grand nombre à des groupes divers de collaborateurs, sur des problématiques spécifiques aux métiers et fonctions. La Poste a par exemple réalisé un COOC à travers 24 vidéos pour permettre à ses 260 000 collaborateurs de mieux connaître le groupe, son organisation, ses branches et filiales, mais aussi ses perspectives et objectifs de développement.
SOOC (Small Online Open Course) : cours en ligne plus spécialisé que le COOC, avec un contenu susceptible d’intéresser seulement une partie des salariés, avec en plus une dimension sociale qui est au cœur de cet outil puisqu’il s’appuie sur les réseaux sociaux pour échanger avec les apprenants. Il est utilisé par exemple pour des projets de formation sur des sujets plus pointus qui nécessitent un suivi personnalisé et renforcé.
Réalité virtuelle : technique d’immersion totale dans les conditions du terrain et scénarisation de situations, pour une meilleure prise en main d’un process et/ou d’un environnement de travail, la plupart du temps à l’aide de casques de visualisation. Cette technique est très utilisée par les secteurs de la grande distribution, l’automobile, le BTP… Walmart a par exemple déployé un dispositif permettant d’immerger les employés et de les former au service clients, notamment en simulant des périodes d’activité intenses, comme lors du Black Friday. Manpower a utilisé la réalité virtuelle comme outil de prévention des risques sur les chantiers, en simulant des accidents graves.
Réalité augmentée : technique de superposition d’éléments virtuels sur le monde réel pour y apporter des informations complémentaires, contrairement à la réalité virtuelle qui crée un univers factice. Par exemple, Thales, en partenariat avec le CHU de Nice, a développé de la réalité augmentée pour améliorer la formation des apprentis chirurgiens en les aidant à opérer à distance. Les instructions du spécialiste, qui est à distance et voit la situation comme s’il était sur place, sont superposées à l’image du corps à opérer, ce qui permet au chirurgien en situation d’avoir une assistance visuelle très précise, évitant ainsi les erreurs et les hésitations.
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Malgré toutes ces innovations techniques, demeure la question de l’efficacité des formations. Comment mesurer leur impact et s’assurer que les objectifs de performance sont atteints ? En effet, le ROI (retour sur investissement) n’est pas facile à mesurer dans le cadre des formations. Woonoz propose un indicateur : le Taux de Personnes En Compétences (TPEC), qui est le pourcentage de personnes maitrisant au minimum les ¾ des éléments clés d’une formation lorsqu’elle est testée à froid (au moins une semaine après).
A défaut de parler d’efficacité, la formation est incontestablement un outil favorisant la fidélisation, ainsi qu’un moyen de répondre au manque de certaines compétences. Elle permet le développement professionnel, l’évolution des collaborateurs et contribue à la réduction du turnover. Le recours à des technologies de personnalisation de parcours, pour des contenus et formats plus flexibles et adaptables, confirme le rôle de la formation professionnelle comme un relais majeur de développement des équipes et, in fine, d’attractivité de l’organisation.