VivaTech 2019 : notre analyse des tendances de l’innovation

Au terme de sa quatrième édition, VivaTech confirme son statut de rendez-vous majeur pour toutes les parties prenantes de la scène technologique. Avec près de 124.000 participants, 450 intervenants venant de 125 pays et plus de 13.000 startups, l’événement était empreint d’une atmosphère très dynamique, optimiste mais réaliste, quant aux enjeux majeurs qu’affronte l’écosystème des nouvelles technologies.

#VivaTech. Une logique « d’acteurs du changement » au cœur du salon : pour toutes les parties impliquées, il s’agit désormais de créer de la valeur en apportant des réponses innovantes aux problématiques sociétales et environnementales actuelles.

La complémentarité est une des clés pour le développement de notre écosystème économique : les partenariats entre acteurs publics et privés sont devenus incontournables..

Le monde de la tech est sensible aux questions éthiques liés à la sécurité des données, la vie privée et les usages de la technologie. Sans entraver le développement de l’innovation, l’éthique est devenue un enjeu majeur de la transition économique digitale et de la massification des usages des nouvelles technologies.

Présents lors du salon, voici les 3 enjeux que nous avons repéré comme les tendances majeures et transversales de l’édition 2019 :

  • Oui à l’innovation, mais au service des citoyens et des usagers : les évolutions technologiques peuvent avoir un impact positif, comme le montre le secteur de la mobilité.
  • Oui à la complémentarité, élément clé pour construire l’avenir : les partenariats entre acteurs publics et privés sont un des piliers de développement incontournable de notre écosystème économique.
  • Oui aux nouvelles technologies, mais dans un cadre éthique et sûr en termes de sécurité des données : le monde tech est sensible aux enjeux éthiques liés à la sécurité des données, la vie privée et les usages de la technologie, notamment avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle. Sans entraver le développement de l’innovation, l’éthique est devenue un enjeu majeur de la transition économique digitale et de la massification des usages des nouvelles technologies.

« Tech4Good » : la technologie au service du bien commun

Ambition majeure du salon, canaliser le dynamisme technologique actuel afin d’œuvrer à la résolution de problèmes sociaux et économiques et d’avoir un impact positif se pose comme une nécessité. Pour la RATP, dont les partenaires assuraient une série de « talks », le secteur des mobilités possède un grand potentiel pour réaliser des progrès sur le plan économique, social et environnemental.

Les nouvelles mobilités représentent un champ d’innovation en pleine croissance, même si les innovations en matière de transport échouent encore à résoudre les problèmes de congestion des centres-villes. Elles ont la capacité de fournir des solutions aux inégalités d’accès au transport (et donc à l’emploi) à travers, par exemple, des dispositifs de semi-floating comme celui proposé par la startup française Starbolt. Par ailleurs, si l’on tient compte comme le fait Citroën, de la montée progressive de l’autonomisation des voitures et de l’électrification, l’avenir des mobilités laisse présager des disruptions encore plus marquées. Martin Villig, fondateur de Bolt Mobility (conférence « Getting There : The Future of Mobility »), affirmait qu’à l’avenir, les véhicules seront nécessairement connectés, électriques, partagés, et autonomes.

Ami One, Projet Citroën de voiture autonome et partagée

Ces innovations impliquent une transformation profonde de l’expérience usager par l’ambition de mettre la technologie au service du bien commun, comme en attestait Microsoft lors de son talk « From transportation to mobility: how technology will connect the dots ? ». L’usage de l’IA permet de mettre en place, et ce de manière globale, un recentrage des services sur l’utilisateur. Par exemple, dans le secteur du transport, cela se traduit en une « expérience augmentée » pour l’usager (simplification et planification du parcours usager au moyen d’applications MaaS, gestion des imprévus, possibilité de feedback, etc…).

GovTech et Partenariats : les startups, moteur de l’innovation publique

Selon Yann LeCun, lauréat du prix Turing et directeur du laboratoire d’intelligence artificielle de Facebook, les partenariats public-privé constituent des outils efficaces dans la logique d’innovation constante où nous évoluons (« Partnerships between the industry and the public sector are really fruitful »).
La transformation digitale de l’Etat combinée aux initiatives privées qui poussent la digitalisation des administrations et services publics, structure de plus en plus le secteur de la GovTech autour, notamment, de 3 types de partenariats :

  • Les startups qui impactent directement la transformation de l’action publique, comme les services supervisés par l’AIFE (l’Agence pour l’Informatique Financière de l’Etat) dont la directrice Régine Diyani présentait l’action à la GovLounge.
  • Les partenariats impliquant une collaboration entre l’administration et des opérateurs, comme la startup Yuni, qui propose une optimisation de l’offre de soin des territoires grâce à l’intelligence artificielle.
  • Les partenariats qui vont permettre la mise en place de missions d’intérêt général auprès du citoyen, mais sans l’intervention du secteur public. On pensera à Affluences, qui permet d’informer les citoyens en temps réel sur le taux d’occupation des lieux publics.

La conférence AI for All. Interventions notables de Cédric Villani, mathématicien et député français auteur du rapport AI for humanity, et d’Omar Al Olama, ministre de l’Intelligence artificielle des Emirats Arabes Unis

Ces partenariats, et la capacité des startups à transformer des secteurs d’activité entiers ne se limitent cependant pas à la GovTech. Des grands groupes, comme Valeo et Citroën, se sont positionnés comme des incubateurs de startups très efficaces, créant un environnement favorable à la création et permettant des innovations qui poussent les limites sur certaines industries : par exemple, BoardingRing, startup de Citroën qui a développé pour le groupe des lunettes anti-mal des transports Seetroën ; ou Free2Move, un service d’autopartage qui a progressivement remplacé les Autolibs dans Paris. Comme le formulait Linda Jackson, CEO de Citroën « We have no choice but innovate ».

La gestion des données, enjeu de la 4ème Révolution Industrielle

Au croisement des enjeux précédemment cités, on trouve la nécessité d’une gestion éthique des données utilisateurs. En effet, si la collaboration homme-machine – via l’automatisation, le développement de l’IA et des chatbots – possède un haut potentiel d’innovation, personne, comme le formulait Frédéric Mazzella, fondateur de BlaBlaCar « n’est en mesure de prédire ce à quoi ressemblera la scène technologique dans dix ans ». Dans ces années d’expérimentations qui s’effectuent parfois selon la logique brutale du « try and learn », la nécessité de cadrer de façon éthique la gestion des données utilisateurs se fait vivement sentir.

Lors de la conférence « AI for All », Cedric Villani présentait la data comme un enjeu crucial du marché du digital – les compagnies comme Google ou Microsoft se montrant d’ailleurs très protectrices de leurs datasets. En effet, l’accès à une grande quantité de données est essentiel au développement de technologies comme Watson, la solution d’intelligence artificielle globale pour l’entreprise présentée par IBM lors du salon. Le groupe mettait l’accent sur l’adaptabilité et le potentiel synergique de Watson avec l’homme (revalorisation des fonctions RH grâce à la RPA, expériences client personnalisées, amélioration de l’engagement employé, etc…). Parallèlement, l’OCDE insistait sur l’importance de la transformation à venir, et présentait un outil capable de mettre en évidence l’impact de l’IA sur l’emploi lors de la conférence « Automation – What does the future hold for your job? ».

Ainsi, au cœur de VivaTech, nous avons retrouvé une logique « d’acteurs du changement ». Pour les startups comme pour les grands groupes il s’agit, dans un cadre éthique, de générer de la valeur en apportant des réponses technologiques aux problématiques sociétales et environnementales actuelles. La collaboration entre ces différentes parties prenantes était par ailleurs présentée comme une formidable clef de succès. Jacques Aschebroich, CEO de Valeo considère notamment que le monde des startups est d’une importance croissante tant pour la France que pour l’entreprise : « We need to make sure that the good ideas come to us » disait-il. Si travailler avec des startups représente parfois un risque, leur incorporation permet de développer de nouvelles approches, et ce de façon bien plus rapide que nos structures actuelles pourraient espérer le faire.

Pour conclure, Thalès (« Could Artificial Intelligence Turn on Humans ? ») et Gary Kasparov (« Can AI be evil ? ») rappelaient que l’agilité et la croissance ne doivent pas éclipser la responsabilité à long terme des acteurs de l’innovation. Face à une intégration croissante de l’intelligence artificielle, la protection et la gestion des données se doit d’être plus responsable et éthique à travers toutes les plateformes. Pour paraphraser Justin Trudeau « Le fossé entre le monde virtuel et le monde réel n’existe plus. Nous devons être sûrs que nos valeurs ne disparaîtront pas avec lui. »

Hugo HERNANDEZ

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