Quels sont les déterminants de la confiance des individus entre eux ?

Artimon Perspectives

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a récemment mené une étude qui examine de manière rigoureuse les facteurs influençant la confiance interpersonnelle dans divers contextes nationaux. L’article « The determinants of trust: findings from large, representative samples in six OECD countries » se focalise sur la corrélation entre des variables personnelles — telles que l’altruisme et la tolérance au risque — et le comportement de confiance, évalué à travers un jeu de confiance expérimental. S’appuyant sur un échantillon conséquent de 7.236 participants issus de six pays de l’OCDE (Allemagne, Italie, Japon, Luxembourg, Royaume-Uni et États-Unis), cette recherche offre une perspective comparative et globale sur les déterminants de la confiance.

La réalisation d’une telle étude présente un intérêt considérable, tant sur le plan théorique que pratique. D’une part, la compréhension des mécanismes de la confiance est essentielle pour éclairer les dynamiques sociales et économiques qui sous-tendent la coopération et le capital social dans les sociétés modernes. D’autre part, les résultats de cette recherche peuvent orienter les politiques publiques en proposant des leviers pour renforcer la cohésion sociale et favoriser des environnements propices aux échanges économiques fiables. En somme, cette approche multidimensionnelle permet non seulement d’enrichir la littérature académique sur la confiance, mais aussi d’apporter des pistes concrètes pour améliorer la gouvernance et la gestion des ressources dans des contextes transnationaux.

Tout d’abord, dans le « jeu de confiance », chaque participant, jouant le rôle de « confié », reçoit 10 unités monétaires et décide quelle part envoyer à un « destinataire ». La somme envoyée est triplée, et le destinataire choisit ensuite combien en retourner. La somme envoyée mesure la confiance du confié, tandis que la proportion retournée évalue la confiance accordée.

Ensuite, les participants jouent le rôle de « destinataire » en indiquant à l’avance combien ils renverraient pour chaque montant possible. En plus de ce jeu, l’altruisme est mesuré par un « jeu du dictateur », et la tolérance au risque est évaluée à l’aide d’une tâche de loterie.

Enfin, un questionnaire est utilisé pour mesurer la confiance déclarée des participants envers les autres.

Les résultats montrent notamment que dans le jeu de confiance, les participants envoient en moyenne 60% de leur dotation aux destinataires, avec peu de variations entre les pays. Le facteur le plus fortement associé à ce comportement est l’altruisme, mesuré par le montant envoyé dans le jeu du dictateur, qui explique 13% de la variation de la confiance. L’intérêt personnel, basé sur le montant attendu en retour, ainsi que la tolérance au risque, influencent également les montants envoyés, mais dans une moindre mesure. En ce qui concerne la confiance déclarée dans le questionnaire, elle est positivement corrélée avec les attentes de retour et l’altruisme. Les individus plus altruistes et ayant des attentes de retour élevées ont tendance à déclarer une plus grande confiance. Les résultats montrent que, dans le jeu de confiance, les participants envoient en moyenne 60% de leur dotation, l’altruisme étant le principal facteur expliquant ce comportement, et que la confiance déclarée augmente avec l’altruisme et les attentes de retour.


Cette étude suggère que l’altruisme et les préoccupations d’équité sont les principaux moteurs du comportement de confiance dans les interactions sociales. Cela contredit l’hypothèse classique selon laquelle la confiance est principalement fondée sur des motifs d’intérêt personnel.

La confiance serait donc associée à une disposition générale à l’altruisme, ce qui incite les participants à coopérer même avec des inconnus. Les résultats, qui montrent que l’altruisme est le prédicteur le plus fort de la confiance, tant dans les comportements observés que dans les déclarations des participants, pourraient donc suggérer que des politiques favorisant l’altruisme et la coopération renforceraient le niveau de confiance dans la société.

Néanmoins, il conviendrait d’examiner l’impact des variables culturelles et contextuelles susceptibles de moduler cette relation dans différents environnements nationaux sur la relation entre altruisme et confiance, ainsi que les éventuelles limitations inhérentes aux paradigmes expérimentaux employés. Ces pistes de recherche futures pourraient permettre de mieux cerner l’étendue et les conditions d’efficacité de ces déterminants, tout en informant la conception d’interventions destinées à promouvoir la confiance au sein des sociétés contemporaines.


Référence

Kovacs, R., Dunaiski, M., Galizzi, M. M., Grimalda, G., Hortala-Vallve, R., Murtin, F., Putterman, L., & Rafael Hortala-Vallve, C. (2024). The determinants of trust: findings from large, representative samples in six OECD countries.

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