Comment les dimensions culturelles peuvent influencer la performance environnementale des différents pays ?
Dans le cadre de la recherche sur la durabilité, il est essentiel de comprendre les divers facteurs qui influencent les performances environnementales des pays. Une étude portant sur 31 pays européens, alignés par leurs stratégies environnementales communes, examine l’impact des dimensions culturelles, économiques et d’innovation sur ces performances.
Les dimensions culturelles de Hofstede comme cadre d’analyse
Pour appréhender l’influence de la culture sur les pratiques environnementales, l’étude s’appuie sur le modèle des dimensions culturelles de Geert Hofstede. Bien que montrant des limites théoriques et méthodologiques, ce cadre théorique identifie plusieurs dimensions clés qui caractérisent les cultures nationales et permet d’offrir une perspective plus large sur des problématiques parfois approchées de manière réductionniste. Dans ce modèle on trouve des dimensions comme, entre autres :
- Individualisme vs. collectivisme : mesure le degré auquel les individus sont intégrés dans des groupes. Les sociétés individualistes valorisent l’autonomie et l’initiative personnelle, tandis que les sociétés collectivistes privilégient les intérêts du groupe et la cohésion sociale.
- Distance hiérarchique : évalue l’acceptation des inégalités de pouvoir au sein des institutions et des organisations. Une distance hiérarchique élevée indique une acceptation des structures de pouvoir inégales, tandis qu’une faible distance suggère une préférence pour l’égalité et la participation démocratique.
- Motivation pour la réussite et le succès : cette dimension distingue les cultures orientées vers la compétition, la réussite et l’ambition de celles qui privilégient la coopération, la qualité de vie et les relations.
- Orientation à long terme vs. orientation à court terme : mesure la capacité d’une société à planifier pour l’avenir et à valoriser la persévérance, par opposition à une focalisation sur les résultats immédiats et le respect des traditions.
Ces dimensions permettent de mieux comprendre comment les valeurs culturelles influencent les stratégies et les comportements environnementaux des nations.
L’impact des dimensions culturelles sur les politiques environnementales
L’étude révèle que, malgré des objectifs environnementaux communs au sein de l’Union européenne, les politiques environnementales varient significativement d’un pays à l’autre en fonction de leurs dimensions culturelles. Par exemple, les pays individualistes tels que le Royaume-Uni, la Suisse, l’Allemagne et le Luxembourg montrent des performances élevées dans le traitement des eaux usées industrielles. Cette tendance est attribuée à une volonté de protéger les intérêts immédiats des citoyens et de répondre aux pressions sociales pour une meilleure qualité de l’eau.
En revanche, la qualité de l’air est influencée par des dimensions culturelles telles que la distance hiérarchique, la motivation pour la compétition et l’orientation à long terme. Les pays scandinaves comme la Finlande, la Norvège, l’Islande et la Suède, qui présentent des scores élevés relativement pas en motivation pour la compétition et haut en orientation à long terme, obtiennent de meilleurs résultats dans ce domaine. Ces pays montrent une sensibilité accrue aux problèmes de pollution de l’air, motivée par une préoccupation pour la qualité de vie immédiate et les impacts sur la santé publique.
Le rôle de l’économie et de l’innovation dans la durabilité
Au-delà des facteurs culturels, le niveau de développement économique et les performances en recherche et développement (R&D) jouent un rôle déterminant dans la mise en œuvre des politiques environnementales. L’étude démontre que des indicateurs économiques tels que le PIB et les investissements en R&D sont positivement corrélés avec la performance environnementale dans des domaines tels que la vitalité des écosystèmes, la santé environnementale et l’accès à l’eau et à l’assainissement. Ces éléments économiques fournissent les ressources nécessaires pour adopter des pratiques durables et innovantes.
Les interactions entre culture, économie et innovation
L’analyse montre enfin que lorsque les variables culturelles sont considérées en conjonction avec le niveau de développement économique et les performances en R&D, l’influence directe de la culture sur la performance environnementale tend à diminuer. Cela suggère que l’interaction entre ces facteurs est cruciale pour la formulation de stratégies environnementales efficaces. Par exemple, la gestion des ressources en eau est à la fois influencée par des valeurs culturelles individualistes et par le niveau d’industrialisation économique, illustrant ainsi la complexité des interactions entre culture et économie.
Vers des politiques environnementales adaptées
Cette étude souligne que les performances environnementales des pays européens sont le résultat d’un équilibre entre facteurs culturels, économiques et innovants. Malgré des objectifs communs au niveau européen, les stratégies spécifiques doivent être adaptées aux contextes nationaux pour être efficaces. Comprendre les dimensions culturelles de Hofstede permet ainsi d’identifier les forces et les faiblesses des politiques environnementales, facilitant l’élaboration de solutions plus ciblées et harmonisées pour atteindre la durabilité.
En somme, la performance environnementale en Europe repose sur une compréhension approfondie des influences culturelles, économiques et innovantes. Cette approche intégrée est essentielle pour développer des politiques robustes et adaptées aux défis environnementaux actuels et futurs.
Référence
Lahuerta-Otero, E., & González-Bravo, M. I. (2018). Can national culture affect the implementation of common sustainable policies? A European response. Cross-Cultural Research, 52(5), 468-495.